L’INCROYABLE POTENTIEL DE L’HYDROGÈNE VERT AFRICAIN

(Article publié dans le magazine L’Automobile, août 2023)

Par Anne Bourgoin

Conjuguer demande massive d’énergie et carboneutralité est l’actuel grand défi de l’Afrique. Afin de transformer le secteur de l’énergie du continent, la Banque européenne d’investissement, l’Alliance solaire internationale et l’Union africaine ont mené une étude qui s’avère prometteuse sur le potentiel de l’hydrogène vert en Afrique.

Et pour une rare fois, l’Afrique est au coude-à-coude avec les grandes puissances! En effet, des milliards de dollars seront investis dans les prochaines années pour le développement de l’hydrogène vert. Ce n’est donc pas un hasard si une analyse a été commandée pour étayer le sujet et orienter les décisions futures. Le rapport, intitulé L’extraordinaire potentiel de l’Afrique dans le domaine de l’hydrogène vert, rapporte que cette ressource énergétique est économiquement viable si son coût de production demeure sous les deux euros le kilo et qu’elle peut stimuler la croissance économique sur tout le continent tout en réduisant les émissions de CO₂ de 40 %.

Sources d’énergies renouvelables et hydrogène vert

L’intérêt des pays africains pour ce combustible est une évidence considérant leur potentiel de production et leurs besoins socio-économiques. Ils ont tous accès à des sources d’énergies renouvelables : solaire, éolien, géothermie, etc. Plusieurs disposent également de matières premières essentielles à l’électrolyse qui permet la séparation de l’eau en hydrogène et en oxygène.

Un des avantages de l’hydrogène vert, c’est que sa production ne libère pas de dioxyde de carbone ni d’autres gaz à effet de serre (GES). L’autre grand avantage est la capacité de transport et d’entreposage de l’excédent d’hydrogène, lequel surplus sert de source d’énergie d’appoint afin de compléter les énergies renouvelables qui ne peuvent être produites à toute heure du jour et de la nuit, et permet ainsi de fournir un approvisionnement régulier et suffisant en électricité en tout temps.

« La technologie solaire photovoltaïque nous fournit l’électricité la moins chère. Elle coûtera moins de 2 EUR par kilogramme dans plusieurs pays africains d’ici 2030, soit un prix nettement inférieur à l’hypothèse actuelle de 5 EUR, qui contraste fortement avec les 60 USD à 70 USD payés pour un baril de pétrole », a souligné Ajay Mathur, directeur général de l’Alliance solaire internationale. « Grâce à cette électricité peu onéreuse et à la baisse des coûts des électrolyseurs, la prochaine étape consiste à fournir un carburant propre, moins cher que tous les combustibles fossiles actuels. Cela nous permettra de décarboner le secteur de l’électricité et la plupart des secteurs où il est difficile de réduire les émissions, comme les engrais, la fabrication d’acier et les raffineries. »

Trois facteurs essentiels

Selon l’analyse menée par le cabinet-conseil international CVA, trois facteurs sont incontournables pour atteindre la production de 50 millions de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2035 en Afrique :

Des programmes doivent être mis en place pour mobiliser les investissements;
Des projets pilotes doivent être menés pour démontrer le succès de la production, du stockage, de la distribution et de l’utilisation;
Des partenariats doivent être créés pour générer la demande à l’échelle nationale et internationale, pour renforcer la coopération qui permettra la construction et l’exploitation des infrastructures.

Transformer l’Afrique

Investir dans l’hydrogène vert pourrait permettre la réduction des émissions de dioxyde de carbone de 40 % en Afrique, ce qui éviterait le rejet de 500 millions de tonnes de CO₂ par an, selon l’étude. Le continent pourra fournir 25 millions de tonnes d’hydrogène vert aux marchés mondiaux de l’énergie, soit l’équivalent de 15 % du gaz utilisé en ce moment dans l’Union européenne. Il pourrait ainsi devenir un centre mondial de l’hydrogène vert tout en profitant de ses bienfaits localement. L’hydrogène vert pourrait bien transformer l’Afrique en profondeur.